L’innocent

Auteur : Louis Garrel, né en 1983, est un acteur, réalisateur, scénariste français. Né dans une famille de cinéastes, Philippe Garrel et Brigitte Sy, il commence une grande carrière de comédien très tôt, à l’âge de 6 ans. Sa carrière d’acteur bien remplie fait de lui un des acteurs emblématiques du cinéma d’auteur français. En 2008, il passe pour la première fois derrière la caméra en réalisant Mes copains, un court métrage intimiste où il filme ses propres amis se débattant avec le temps qui passe, leurs échecs, leurs espoirs et leur besoin de créer. En 2010 son moyen métrage Petit tailleur est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Tout en poursuivant une carrière d’acteur bien remplie il réalise son premier long métrage Les Deux Amis (2015), puis L’homme fidèle (2018) dans lequel il se met en scène au centre d’un triangle amoureux, et La Croisade (2021). L’innocent (2022) son quatrième long métrage a été présenté à la soirée anniversaire du 75e festival de Cannes.

Interprètes : Roschdy Zem (Michel) ; Anouk Grinberg (Sylvie) ; Noémie Merlant (Clémence) ; Louis Garrel (Abel).

Résumé : Une sexagénaire, Sylvie, rencontre un détenu en prison, Michel, et décide de l’épouser malgré les réticences de son fils Abel. Une fois libre Michel monte un nouveau coup entrainant avec lui Abel.

Analyse : On peut dire que dans le contexte anxiogène actuel, rire et ne penser à rien d’autre pendant près de deux heures fait un bien fou. Merci à Louis Garrel de nous offrir cette opportunité. Car son film avec une famille déjantée, un braquage familial foutraque, un jeu de rôle désopilant, est réjouissant et très divertissant. Du vrai cinéma. On n’y croit pas trente secondes mais on se laisse emmener dans cette histoire très bien racontée, aux dialogues fins et intelligents, ciselés avec l’aide au scénario de Tanguy Viel, auteur de polar à la plume leste et pleine d’humour. Si l’on y ajoute de magnifiques acteurs qui croient en leur rôle et qui semblent s’amuser autant que nous, le spectacle devient une comédie pleine de drôlerie, inventive, et très rafraichissante. Le film commence par une scène en prison. Une animatrice d’un atelier théâtre, Sylvie (magnifique Anouk Grinbeg), est tombée amoureuse d’un taulard, Michel, et l’épouse alors qu’il n’est pas encore sorti. Ce faisant Louis Garrel marche dans les pas de sa mère, l’actrice Brigitte Sy qui fut prof de théâtre en milieu carcéral et a épousé un détenu. Elle avait raconté cette histoire en 2010 dans un très beau film, Les Mains libres. Mais L’innocent n’est pas qu’une comédie vive et déjantée. C’est un polar sentimental tendre, émouvant, qui revisite les liens familiaux, une mère primesautière, fantasque et enfantine que son fils doit protéger contre elle-même, mais qui dans un discours final émouvant redevient la mère adulte et responsable. Il aborde également le thème de la reconstruction personnelle, après un deuil ou de la prison.

Sans se prendre au sérieux Louis Garrel utilise également une quantité d’effets cinématographiques appuyés par une musique des années 80 (Catherine Lara, Herbert Léonard, Gianna Nannini). Une mise en scène nerveuse, intrépides, avec les rebondissements nécessaires à l’attention du spectateur, des scènes d’une drôlerie irrésistible, comme celle du restoroute où le fils de Sylvie doit jouer avec une amie une scène de dispute amoureuse pour capter l’attention du chauffeur du camion qu’il s’agit de dévaliser, font de ce film un très bon moment de cinéma.

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