Auteur : né en 1965, Roschdy Zem est un acteur, réalisateur, scénariste franco-marocain. Il n’était pas destiné à devenir acteur. Si sa première expérience cinématographique remonte à 1987 (figurant dans Les Keufs), il gagne sa vie en vendant des jeans sur les marchés. Repéré par un assistant d’André Techiné, il tient des petits rôles dans ses films. Il prend des cours de comédie, et se produit épisodiquement au théâtre. Il a 30 ans lorsque sa carrière prend véritablement son envol, et ce grâce à deux prestations très remarquées dans N’oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois et En avoir ou pas de Laetitia Masson. Le cinéma d’auteur s’entiche de lui ; il apparaît notamment chez Chéreau ou Garrel. Il est à l’affiche de très nombreux films comme, récemment, L’innocent (voir la fiche du 20 octobre 2022) de Louis Garrel et Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski. Il obtient en 2006 à Cannes le Prix d’interprétation masculine pour Indigènes et en 2020 le César du meilleur acteur pour Roubaix une lumière. Il passe à la réalisation en 2006 avec Mauvaise foi, puis Omar m’a tuer (2011), Bodybuilder (2014), Chocolat (2016), et Persona non grata (2019).
Interprètes : Sami Bouajila (Moussa) ; Roschdy Zem (Ryad) ; Meriem Serbah (Samia la sœur) ; Maïwen (Emma la compagne).
Résumé : Suite à un traumatisme crânien, un quinquagénaire doux et attentionné change radicalement de comportement, au grand dam d’une famille bousculée par ce nouveau rapport.
Analyse : C’est une histoire de famille avec ses moments de bonheur, ses disputes, ses déchirements, ses règlements de compte et pour finir ses réconciliations, comme on en voit dans toutes les familles, et dans les familles méditerranéennes en particulier. Dans ce film autobiographique Roschdy Zem, avec tendresse et humanité, nous présente ces personnages tellement attachants et nous invite à participer à une tranche de vie à leur côté. Il y a la sœur, dévouée à tous qui en oublie de vivre pour elle-même, les plus jeunes qui tentent de s’extraire de la pesanteur familiale en essayant de partir ailleurs ou en plongeant dans le complotisme des réseaux sociaux, mais surtout le frère, Moussa, dont la situation sera au centre de ce film. C’est un être affable, qui respire la gentillesse et la bienveillance mais qui, à la suite d’un traumatisme crânien parle à tout le monde sans filtre, disant à chacun ses quatre vérités. Un seul trouve grâce à ses yeux, Ryad, le frère ainé, pourtant le moins sympathique de tous, dont Roschdy Zem s’est réservé le rôle, vedette de la télévision, égoïste, bien plus attentif à sa carrière et à sa personne qu’à son entourage proche, y compris sa compagne, incarnée par Maiewen qui a participé au scénario. Indépendamment des rapports familiaux au sein d’une famille très soudée, le film porte également sur la façon dont l’entourage va gérer ce handicap. Un récit tantôt grave, tantôt drôle et joyeux, vif, plein de tendresse, de bienveillance, de générosité, qui nous entraine au sein de cette famille dans laquelle on entrerait volontiers. Dans une mise en scène habile, dépouillée, Roschdy Zem nous offre une tragicomédie profonde, très attachante, émouvante par le regard amoureux qu’il porte à ces personnages qui sont sa famille.