L’Odeur du vent

Auteur : Hadi Mohaghegh, né en 1979, à Dehdasht, dans le Sud-Ouest iranien, est un acteur, réalisateur et scénariste iranien. Il commence sa carrière au théâtre puis à la télévision comme acteur. En 2010, il commence à réaliser des téléfilms. Son premier long métrage Bardou, prix du meilleur film et du meilleur réalisateur du festival international du film d’Ispahan, date de 2013. Il dit s’inspirer de la nature et de sa propre nostalgie, ne pas aimer délivrer de messages, qui passent toujours pour des conseils. Immortal (2015), prix du meilleur film et prix de la critique du festival international du film de Busan, décrit la culpabilité d’un homme qui a perdu sa famille dans un accident. L’histoire dont s’inspire le film concernait une femme, mais le réalisateur l’a remplacée par un homme à cause des interdits qui pèsent sur la représentation du corps féminin en Iran. L’odeur du vent (2022), son quatrième long métrage, grand prix du jury du festival international du film de Busan et Montgolfière d’argent au festival des 3 Continents à Nantes, est le premier film de ce réalisateur à sortir en France.

Interprètes : Hadi Mohaghegh (l’électricien).

Résumé : Dans une maison isolée au milieu d’une plaine d’Iran, un homme vit seul avec son fils alité. Un jour, le transformateur de la maison tombe en panne. Un électricien vient pour le réparer. Une pièce manque, il part à sa recherche qui sera semée de rencontres et d’embuches…

Analyse : Ce film, qui n’est pas sans rappeler le cinéma d’Abbas Kiarostami, est un petit bijou de poésie pure sur l’altruisme discret d’un homme dans un paysage terriblement déshérité, sublime de beauté sauvage (le titre du film est en soi un poème). Paysages peuplés de quelques maisons à moitié en ruines, habitées par des êtres démunis, vivant dans une grande précarité. Quelques-uns élèvent des chèvres, mais on se demande de quoi peuvent bien vivre les autres, les personnes âgées ou infirmes en particulier. C’est le cas d’un homme qui avance comme un cul de jatte, avec des jambes terriblement déformées, qui risque sa vie en permanence pour cueillir sur les pentes abruptes des montagnes des plantes médicinales qu’il vend et dont il vit avec un jeune fils allongé, immobile, mutique, dont seuls les yeux semblent parler. Lorsque le transformateur électrique se met en panne, c’est le seul élément de confort qui disparait. Ce film, splendide, tourné dans les régions du Tchaharmahal-et-Bakhtiari, a l’âpreté de la solitude de ces paysages rocheux, parcourus de quelques pistes, abandonnés du monde. De longs plans fixes, un rythme lent, nous transportent au cœur même de ces paysages reculés et de l’aventure humaine que va nous faire vivre cet électricien, incarné par le réalisateur. On suit, avec le même fatalisme, les tribulations d’un homme qui s’accumulent et qu’il résout avec lenteur et un courage résigné. Un film magnifique qui nous dit la dureté de l’existence de ces héros du quotidien. L’entraide, le savoir-faire et l’ingéniosité des gens qui doivent se débrouiller avec très peu, finiront par apporter cette lumière et bien plus encore. 

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