Boris Charmatz, né en 1973, est un danseur et chorégraphe français de danse contemporaine. Il étudie à l’école de danse de l’Opéra national de Paris et au CNSMD de Lyon. De 2009 à 2018, il dirige le Centre chorégraphique national de Rennes et y déploie le Musée de la danse. En 2011, au Festival d’Avignon, il crée dans la Cour d’honneur Enfant. Invité au MoMA à New York en 2013, et à la Tate Modern à Londres en 2012 et 2015, il y propose des projets chorégraphiques inédits pour les espaces des musées. En 2019, il lance une structure implantée en région Hauts-de-France. En 2021, il orchestre une performance pour 130 danseurs, Happening Tempête, pour l’ouverture du Grand Palais Éphémère. En août 2022, Boris Charmatz prend la direction du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch et y développe un nouveau projet entre l’Allemagne et la France. Il présente au festival de danse de Montpellier 10000 Gestes, une pièce créée en 2017.
La pièce commence par une danseuse qui, dans un accoutrement peu contemporain, commence à parcourir la scène. Elle semble très agitée, crie, hurle des phrases en anglais, tandis que les quelques notes que l’on devine du Requiem de Mozart sont totalement couvertes par ses cris. Arrivent ensuite vingt danseurs et danseuses, à moitié nus, qui dans une violence extrême, courent dans tous les sens, hurlent, éructent, crachent, se font vomir, tandis que Mozart a beaucoup de mal à se faire entendre. C’est tellement long et insupportable que beaucoup de spectateurs quittent la salle, ce que je n’ai jamais vu à Montpellier qui est un public en or. La troupe se calme enfin et enfin on entend les passages du Requiem. Mais ce n’est pas pour longtemps car les interprètes envahissent la salle, sautant sur les fauteuils des spectateurs en les interpellant, en criant et riant. Ouf l !e retour sur scène de la troupe marque la fin du spectacle. On a envie de dire à Boris Charmatz « pourquoi tant de haine ? ».
Il y a un monde entre mon ressenti (et celui de bien d’autres) et la présentation du spectacle que je vous retransmets :
« …c’est une pièce profondément existentielle car liée à l’ADN de la danse, au désir du geste unique et à la peur du geste qui s’enfuit. Aussitôt fait, il disparaît. Tout en fulgurances, 10000 gestes porte en lui un chaos fascinant. Cette chorégraphie éruptive, foisonnante, d’une insolente radicalité dans sa profusion obligée, fait surgir dans son flux intense un ballet fantôme, composé de toutes les danses qui ne sont plus. Un précipité de gestes, du plus infime au plus spectaculaire, que le regard peine à distinguer, un défi à la perception, un tourbillon joyeux, qui dans sa savante composition, pourrait refermer sans doute définitivement le chapitre de la danse conceptuelle des années 2000.
Cette pièce grandiose rassemble un casting somptueux de vingt danseurs sur le Requiem de Mozart. Comme si c’était la fin du monde et qu’il fallait une dernière danse. Une danse d’après tout. En urgence vitale. Dans cette pièce polyphonique, chacun joue sa partition, taillant sa singularité dans les costumes disparates signés Jean-Paul Lespagnard, du plus simple au plus sophistiqué. C’est toute une humanité exubérante, débordante, qui, quand elle se rassemble, traverse l’histoire de l’art dans ses emboîtements fugaces, et quand elle ralentit, transcende l’éphémère beauté de la danse et de la vie. » Agnès Izrine