Auteur : Nathan Ambrosioni est né en 1999 à Peymeinade, un village du sud de la France près de Grasse. Il commence à réaliser des courts métrages à 12 ans, dans le genre films d’horreur, dont certains sont sélectionnés dans des festivals de cinéma de genre. A seulement 18 ans, il réalise son premier long métrage, Les Drapeaux de papier (voir la fiche du 21 février 2019), remarqué dans les festivals d’automne : il est passé par Namur en Belgique et a été doublement primé à La-Roche-sur-Yon, puis distingué à la Mostra de Valencia en Espagne. Toni en famille est son second long métrage.
Interprètes : Camille Cottin (Toni) ; Léa Lopez (Mathilde) ; Thomas Gloria (Marcus) ; Louise Labeque (Camille) ; Oscar Pauleau (Thimothée) ; Juliane Lepoureau (Olivia).
Résumé : Antonia, dite Toni, élève seule ses cinq enfants. Un job à plein temps. Elle chante aussi le soir, dans des bars, car il faut bien nourrir sa famille. Aujourd’hui ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université. Alors Toni s’interroge : que fera-t-elle quand toute sa progéniture aura quitté le foyer ? À 43 ans, est-il encore temps de reprendre sa vie en main ?
Analyse : Dans le deuxième film de ce jeune réalisateur talentueux de 24 ans, on est frappé par son sens de l’observation et la maturité dont il fait preuve. On a l’impression qu’il a vécu dans une famille nombreuse tant il est juste de ton. La place de la mère de famille est particulièrement bien analysée. Camille Cottin habite magnifiquement ce rôle. Elle incarne avec finesse et subtilité cette mère de cinq enfants, débordée par les problèmes quotidiens de ces adolescents turbulents, qui demandent beaucoup avec un égoïsme propre à cet âge. Une gestion du quotidien harassante. Elle est très attachante, attentive à chacun et chacune, dévouée, sévère lorsqu’il faut mais jamais excessive. Une mère tendre, attentionnée et digne. Entre les réveils du matin, la préparation des petits déjeuner, les dépose-minutes dans chaque école et pour chaque activité, la charge de la maison quand tout le monde est parti, et le soir on recommence, elle n’a pas une minute à elle. Elle vit des moments de découragement, de solitude quand ses enfants en demandent trop, mais aussi de joie avec cette ribambelle joyeuse, drôle et aimante. Elle a sacrifié à son rôle de mère une carrière possible de chanteuse. Elle a remporté par le passé une émission de télé crochet et a enregistré un tube qui passe encore sur les radios locales. Mais elle a oublié cette passion pour élever ses cinq enfants. À 43 ans, lorsque ses deux ainés vont quitter le nid pour partir faire des études supérieures, elle se pose légitimement des questions sur son avenir. Toni est à ce moment de la vie où l’on remet tout en cause et où l’on s’interroge sur le sens de ce que l’on vit. Elle aimerait reprendre ses études, faire une formation. Quand elle en parle aux enfants elle suscite une ironie moqueuse qui cache la peur de perdre leur confort et l’attention exclusive de leur mère. Jusqu’à sa propre mère qui accueille son idée avec moquerie et très peu de bienveillance.
Outre le problème de la mère au foyer au mitant de sa vie le réalisateur observe avec finesse et intelligence les tourments, les incertitudes, les angoisses de l’adolescence avec son inquiétude sur l’avenir et la peur d’entrer dans le monde adulte.
Un deuxième film qui confirme largement l’indéniable talent de ce très jeune auteur (il a écrit l’histoire de Toni à 20 ans), remarquablement interprété, tout en charme et en nuances, par une Camille Cottin très attachante.