Auteur : João Salaviza, né en 1984, est un réalisateur, scénariste, monteur et acteur portugais. Il est l’auteur de plusieurs longs métrages. Il est révélé en 2015 par son remarquable film Montanha. Il coréalise avec Renée Nader Messora Le chant de la forêt (2018) sélectionné à Cannes et qui obtient le prix spécial du jury d’un certain regard. La fleur de Buriti également coréalisé avec Renée Nader Messora a obtenu le prix d’Ensemble de la section Un certain regard à Cannes en 2023.
Autrice : Renée Nader Messora, née en 1979, est une réalisatrice brésilienne. Elle a été d’abord une férue de hip-hop mue par l’envie de tourner des clips. Après un cursus en publicité, elle part étudier le cinéma en Argentine, où elle se forme à la direction de la photographie. Elle est diplômée de la Universidad del Cine de Buenos Aires. Elle travaille pendant quinze ans comme assistante réalisatrice et directrice de la photographie avant de passer à la réalisation. Elle est assistante de réalisation de João Salaviza pour son film Montanha (voir plus haut) et elle coréalise avec lui Le chant de la forêt et La fleur de Buriti (voir plus haut).
Interprètes : Les membres de la tribu Kahô se sont transformés en acteurs et actrices amateurs et amatrices.
Résumé : A travers les yeux de sa fille, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahôs n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance
Analyse : Un récit plein de magie, de poésie, auprès des amérindiens du Brésil, dans la communauté indigène des Krahôs qui vit à Pedra Branca, un village de l’État du Tocantins, dans le sud-est de l’Amazonie brésilienne. Il y a dix ans, le cinéaste portugais João Salaviza et la cinéaste brésilienne Renée Nader Messora ont commencé à filmer ce peuple et ont réalisé un magnifique film, Le Chant de la forêt qui leur a valu le prix spécial du jury d’un certain regard à Cannes en 2018. Revenus chez les Krahôs les cinéastes les montrent mais sous un angle différent. La Fleur de Buriti, nom d’un palmier sauvage, met en scène trois époques clés de l’histoire de ce peuple, évoquées par la fille du chef Patpro dont l’esprit « s’en est allé ». L’époque contemporaine dans laquelle ce peuple est bien ancré, notamment lorsqu’il va manifester avec les autres amérindiens à Brasilia pour leur survie commune ; l’époque de 1967 lors de la création de la Funai (Fondation nationale des peuples indigènes), organisme public chargé de faire respecter les terres autochtones menacées par les industriels et les braconniers, chasseurs qui viennent voler des animaux sauvages pour les vendre ; la période surtout du terrible massacre de 1940 où ils ont été décimés par de grands propriétaires terriens avides de s’approprier leurs terres. Ce tragique évènement, totalement reconstitué dans le film, a considérablement affaibli leur peuple. Du rappel de ces périodes il ressort un sentiment de peur qui sous-tend tout le film et la formidable volonté des amérindiens de défendre leur terre et leur avenir, donc leur survie, contre la politique favorisée par Jair Bolsonaro de l’accaparement et du profit fusse au prix de la disparition des indigènes. Ce film a le mérite de nous montrer cette combativité de peuples pour lesquels la terre mère est sacrée car elle est porteuse de leur culture et de leur civilisation.
Ce film est à mi-chemin entre la fiction, le récit documentaire ethnographique et le récit historique. Cette plongée au cœur de l’univers des Krahôs nous apprend à les regarder vivre, non pas avec l’œil de l’ethnologue mais avec au fond, une forme d’envie. Car ils nous donnent une grande leçon de vie, celle de savoir se contenter de peu, nous qui croulons sous les objets inutiles, celle d’arrêter notre rythme infernal, de se poser, de regarder vivre la nature et les autres, de les accepter en totale harmonie avec eux. Un film qui nous immerge dans un univers magique d’une grande beauté. On demeure, après l’avoir vu, emprunts d’une certaine nostalgie et d’une crainte, car si ces peuples dits primitifs venaient à disparaitre au bénéfice du capitalisme et du profit, notre humanité en serait irrémédiablement appauvrie.