Autrice : Lkhagvadulam Purev-Ochir est une jeune scénariste et réalisatrice mongole née en 1989. Après un diplôme en réalisation en 2012, elle a enseigné à la Mongolian School of Film, Radio, and Television, ainsi qu’à l’Institut de la Cinématographie. Elle a obtenu son Master de scénariste à l’école KinoEyes European Filmmaking Masters en 2018. En doctorat au Lusofana University, elle réalise deux courts métrages. Mountain Cat, son dernier, a fait partie de la sélection du Label du Festival de Cannes 2020. Un jeune chaman est son premier long métrage, sélectionné à la dernière Mostra de Venise dans la section Orizzonti où l’interprète de Zé, Tergel Bold-Erdenne, a obtenu le prix d’interprétation masculine.
Interprètes : Tergel Bold-Erdenne (Zé) ; Nomin-Erdenne Ariunbyamba (Maralaa).
Résumé : Zé, 17 ans, est chaman. Il étudie dur pour réussir sa vie, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres de sa communauté à Oulan-Bator. Mais Zé rencontre la jeune Maralaa, et tombe amoureux. Gardera-t-il son pouvoir ?
Analyse : Un jeune chamam est le premier film d’une réalisatrice mongole, Lkhagvadulam Purev-Ochir, qui met en scène un lycéen, Zé, magnifiquement interprété par un jeune débutant qui a d’ailleurs obtenu le prix d’interprétation de la section Orizzonti à la dernière Mostra de Venise. Cet adolescent a le don d’être un médiateur mystique qui permet le dialogue entre les vivants et les morts. On a recours à lui dans les occasions difficiles de la vie pour demander leur avis aux ancêtres. On le voit se préparer et se transformer littéralement en devenant l’aïeul qui a disparu. A travers cette histoire la réalisatrice nous montre un pays tiraillé entre la modernité et la tradition, entre le matérialisme moderne et la spiritualité. Au lycée les jeunes regardent des vidéos porno tandis que par ailleurs les familles font appel aux services du jeune chaman pour prendre les décisions importantes. Cette dichotomie se manifeste dans la ville même d’Oulan-Bator qui a une partie moderne et tout un quartier où les habitants vivent dans des yourtes. Zé tombe amoureux pour la première fois. C’est toute la beauté du film de voir le frémissement de cet amour naissant chez les deux adolescents. Maralaa est une jeune fille très moderne qui l’entraine dans les galeries commerciales, les restaurants et les boites de nuit. Mais Zé qui se prête un temps à son jeu, y perd son âme et son talent. Il n’arrive plus à intercéder entre les humains et les esprits. Il connait les douleurs d’un amour impossible car sa petite amie décide de partir vivre en Corée avec son père pour une vie plus trépidante qu’à Oulan-Bator. Zé retrouvera-t-il son pouvoir ? Ce très beau film nous laisse sur cette interrogation.
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