Tehachapi

Auteur : JR, né en 1983, est artiste contemporain bien connu qui utilise la technique du collage photographique dans l’espace public à travers le monde entier, de New-York à Berlin, d’Amsterdam à Paris. Il investit des surfaces d’immeubles, des places publiques, des porte-conteneurs, les murs d’une favela à Rio de Janeiro, les stations de métro, l’opéra Bastille ou le Conseil économique et social. Artiste très prolixe il n’est possible de citer que quelques-unes de ses manifestations. En 2010 il décide de faire un documentaire, WOMEN ARE HEROES, qui est sélectionné par la Semaine de la critique à Cannes. En 2011 il imagine la création d’un projet d’art global, Inside Out Project (IOP), inspiré par ses collages de rue grand format ; le concept du projet qui est de donner à chacun la possibilité de partager avec le monde son portrait et un message, a eu un énorme succès dans le monde entier. En juin 2014, avec Au Panthéon !, il recouvre de 4 000 visages la nef et la bâche abritant le Panthéon à Paris durant ses travaux de réfection. En 2015, JR signe le film Ellis, hommage consacré aux immigrants passés par Ellis Island. Il a travaillé avec d’autres artistes, notamment le réalisateur Ladj Ly, le peintre José Parla, la sculptrice Prune Nourry et a réalisé avec Agnès Varda Villages villages (2017) qui a reçu L’Œil  d’or (prix du documentaire) au festival de Cannes.

Résumé : Les Etats-Unis représentent 4,2% de la population mondiale et 20% des détenus dans le monde. En octobre 2019, l’artiste JR obtient l’autorisation sans précédent d’intervenir dans l’une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie : Tehachapi. Certains détenus y purgent des peines à perpétuité pour des crimes commis alors qu’ils n’étaient que mineurs. À travers son projet de fresque, JR rassemble les portraits et les histoires de ces hommes, offrant un regard différent sur le milieu carcéral et apportant un message d’espoir et de rédemption possible.

Analyse : Le projet de ce film est de photographier des prisonniers pour en faire une énorme fresque. Il a choisi Tehachapi, une prison américaine de sécurité maximale dans une zone désertique de Californie. Les détenus y sont parqués de manière inhumaine et indigne, avec des niveaux de 1 à 4 en fonction de leur dangerosité. JR, qui désire “rendre visible les invisibles”, a décidé de photographier individuellement chaque détenu, pour les représenter sur une immense fresque collée sur la cour de la prison. Il est parvenu à convaincre 28 détenus de la zone 4 (celle qui rassemble les plus dangereux) à participer à ce projet inhabituel et à raconter leur histoire. À l’aide d’une application on peut scanner le visage d’un prisonnier pour écouter son histoire. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Comment se sont-ils retrouvés dans cette prison ? La force de ce si beau film est que ces témoignages ont franchis les murs de la prison et ont rendu à ces êtres sans espoir leur humanité. Ils se sont sentis regardés, écoutés, acceptés. Des familles ont repris le chemin de la prison pour leur rendre visite. Certains, par un retour sur eux-mêmes et leur passé ont abandonné la violence, et sont en quête de rédemption. Des passages très émouvants sur les liens qui se créent entre les détenus, plus habitués aux coups de couteux qu’à l’échange, entre les détenus et les gardiens, sorte de solidarité jusque-là impossible. Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui libérés. Avec ce magnifique documentaire JR prouve, s’il en était besoin, que l’art peut changer des vies.

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