
Auteur : Pablo Larraín né en 1976 est un producteur, scénariste et réalisateur chilien. Il cofonde à 27 ans sa maison de production et réalise son premier film à 29 ans, Fuga qui se fait remarquer dans plusieurs festivals internationaux et est présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2006. Son cinéma est engagé. Il est l’auteur de 11 longs métrages dont Santiago 73, post mortem, meilleur film au Festival international du film de Carthagène de 2010, qui esquisse une première réflexion politique, avec comme contexte le coup d’État de Pinochet contre le Président Allende. Réflexion qu’il poursuit avec NO (2012) sur la campagne du non au référendum sur la présidence du dictateur Pinochet, présenté au Festival de Cannes et sélectionné aux Oscars. Avec El Club il reçoit le Grand Prix du jury à la Berlinale 2015. Puis il se spécialise sur les biopics, Neruda (2016. Voir la fiche du 8 janvier 2017)), Jackie (2017), Spenser (2021) pour Lady Dy, Le Comte (2023) pour Pinochet, et Maria (2024) pour Callas
Interprètes : Angelina Jolie (Maria) ; Pierfrancesco Favino (le majordome) ; Alba Rohrwacher (la cuisinière) ; Haluk Bilginer (Onassis).
Résumé : La vie de la grande chanteuse d’opéra, Maria Callas, lors de ses derniers jours, en 1977, à Paris.
Analyse : Je ferai exception à la règle que je me suis fixée : ne commenter que les films que j’ai aimés ; mais j’ai lu tellement d’éloges sur ce film que je ne peux m’empêcher de prendre la plume. J’ai vu un film avec une mise en scène très académique. Angélina Jolie incarne une Callas de papier glacé, qui n’a pas cette dimension d’humanité qu’avait ce monstre sacré, qui ne dégage aucune émotion, qui n’a pas de chair. Une Callas qui ne sourit pas, qui regarde tout le monde de haut sous son chapeau, tout ce que n’était ni Maria ni Callas. De plus j’ai été gênée par le visage très botoxé de l’actrice avec ses lèvres archi-pulpeuses, qui lui donne une tête figée de poupée, tout le contraire de Callas qui était une femme vibrante et charnelle. Le réalisateur insiste par ailleurs sur la manie qu’elle aurait eu de faire déplacer d’une pièce à l’autre son énorme piano à queue par son domestique malgré son âge et sa fatigue. J’ignore si le détail est réel ; mais, en mettant l’accent sur cet aspect, le réalisateur veut-il nous dire qu’elle avait des caprices de diva, et qu’elle n’avait pas de cœur ? C’est une vision très superficielle de Callas !
Toutefois si le réalisateur a choisi de montrer les derniers jours de la vie de l’artiste, il nous montre de vraies et fausses archives avec l’intérêt d’entendre par moment la voix de Callas, ce qui est toujours un plaisir infini. Il parait que l’actrice fait l’effort de chanter, sans doute dans les moments où la cantatrice, pathétique, perd sa voix. C’est à mettre à son actif. Il faut également saluer le duo que forment Pierfrancesco Favino, magnifique acteur, et Alba Rohrwacher respectivement majordome et cuisinière.
Je ne peux m’empêcher de penser au documentaire Maria by Callas de Tom Volf (Voir la fiche du 28 décembre 2017) qui suit Maria dans son intimité et qui nous la rend si proche, si fascinante. Il faut dire que Callas est un tel mythe que toute imitation ne pouvait qu’être imparfaite, très au-dessous de la réalité.