Auteur : Tomer Heymann a réalisé de nombreux films documentaires et des séries au cours des dix dernières années. Ses films ont remporté des prix importants à différents festivals de films prestigieux. Son documentaire I Shot My love (2009), créé à Berlin Int’l Film Festival, à la Berlinale au Festival international de Berlin en 2010, a remporté le Best Mid-length Award au Hot Docs du Canada.
Résumé : Ce documentaire retrace l’histoire fascinante d’Ohad Naharin, un des chefs de file actuel de la danse contemporaine, directeur de la Batsheva Dance Company en Israël, dont les performances dégagent une puissance et une beauté fascinantes.
Analyse : SI vous aimez la danse contemporaine, précipitez vous pour voir ce film avant qu’il ne disparaisse des écrans. Le réalisateur suit Ohad Naharin à la fois dans sa vie personnelle, dans son processus créatif et dans ses créations ce qui nous donne une image complète et attachante de ce personnage. Utilisant des images d’archives ou des films de famille on suit avec intérêt et même passion la vie de ce chorégraphe, né pour danser. On le voit tout petit garçon constamment en mouvement, enchainer les mouvements et esquisser des pas de danse. À une question d’un journaliste : pourquoi dansez-vous ? il tente de répondre par une histoire familiale en s’inventant un jumeau qui n’a jamais existé, tant il est vrai qu’il reconnaît lui-même être incapable de dire pourquoi il est devenu danseur. « La danse est en moi depuis que j’ai conscience d’exister … ».
Des interviews de danseurs ou de chorégraphes qui l’ont côtoyé nous permettent de cerner au plus près cette personnalité hors norme. Exigeant, impatient, parfois colérique, il dégage une force et un charisme auxquels il paraît difficile de résister. Son originalité lui a permis de tracer son propre chemin. Remarqué par Martha Graham pour son talent et sa beauté, puis Maurice Béjart et d’autres, il décide de fonder sa propre compagnie tant sa vision personnelle de la danse ne peut se plier aux règles du genre. Il invente également un langage chorégraphique unique et une technique de danse hors-norme appelés « Gaga », comme les premiers mots qu’il aurait prononcés tout petit. Cette technique l’aide à communiquer avec ses danseurs leur permettant d’aller au delà de leur limite en cultivant leur habileté, en percevant les endroits atrophiés du corps, en travaillant sur la vitesse, en écoutant leurs propres sensations. Cette méthode permet aussi aux amateurs, dans des ateliers qu’il dirige, « de mieux comprendre le fonctionnement de leur corps entre plaisir et effort », dit-il.
De larges extraits de ses créations permettent d’avoir une idée de l’énergie vitale, de la force, de la joie qui traverse ses créations. Sa dernière œuvre, Last work, a été présentée au festival de danse de Montpellier l’an passé. Une danseuse en robe bleue court sur un tapis roulant en fond de scène pendant tout le spectacle. Symbole de la fuite du temps, de l’inspiration qui s’échappe, après cette « dernière œuvre » ?