LA ROQUE D’ANTHÉRON 2

Deux autres concerts dont je voudrais vous faire part.

Denis Matsuev est un pianiste russe né en 1975 à Irkoutsk. Né d’une famille de musiciens (sa mère est professeur de piano et son père est un compositeur et pianiste reconnu) il commence l’étude du piano très tôt. En 1993 il participe à son premier concours international de piano en Afrique du Sud où il remporte le premier prix. Puis, il entre au Conservatoire de Moscou. En 1998 il gagne le premier Prix du Concours international Tchaïkovski. C’est le début d’une grande carrière internationale qui l’amène à jouer dans les plus grandes salles d’Europe et des Etats-Unis. On peut dire qu’il fait partie de l’élite mondiale du piano dont l’essentiel sort de l’extraordinaire école russe qui a formé et forme encore tant de virtuoses. Mais sa carrière est plus riche que celle d’un pianiste classique. Il est un excellent improvisateur et est également passionné de jazz, ce qui, dit-il « libère le jeu classique ». De plus c’est un grand sportif qui a pratiqué le hockey sur glace et le football, ce qui se perçoit dans sa carrure et son allure.

A son programme, Schumann dans ses merveilleuses Scènes d’enfant, qu’il a interprétées avec une douceur, une subtilité et une grande virtuosité. Puis, toujours Schumann dans Kreisleriana. La seconde partie a été consacrée à Rachmaninov (extraits des Études-tableaux, Deux préludes et la Sonate n.2 en si bémol mineur). Son jeu est extrêmement séduisant, plein de force, de vigueur mais non dénué de tendresse et d’émotion. Comme Grigory Sokolov il est très généreux n’hésitant pas à revenir pour trois rappels. Le dernier a été une longue, brillantissime et virtuose improvisation de jazz d’après Duke Ellington : Caravan, Take the A train, jouée à une vitesse littéralement surhumaine. Standing ovation, plutôt rare de la part du public de La-Roque.

David Fray est un pianiste français né le 24 mai 1981 à Tarbes. Suivant la tradition familiale, David Fray commence le piano très tôt, à 4 ou 5 ans. Tout au long de son enfance et de son adolescence, il baigne dans les arts et dans la culture allemande. La musique prend une telle importance dans sa vie qu’elle devient sa vocation. Ses choix musicaux le portent vers le répertoire allemand, et tout spécialement vers Jean-Sébastien Bach. Après avoir remporté divers concours, il entre en 1999 au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans la classe de Jacques Rouvier où il obtient le diplôme de formation supérieure avec mention très bien. En 2002, il est admis en cycle de perfectionnement, de nouveau chez Jacques Rouvier puis dans la classe de Christian Ivaldi et de Claire Désert. Il se produit beaucoup en France et également à l’étranger. Il a obtenu diverses récompenses et distinctions (Tarbes, Aix-en-Provence, Hamamatsu au Japon), désigné en 2004, Révélation classique de l’année par la Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes (ADAMI) et nommé à trois reprises aux Victoires de la musique classique.

Au programme des extraits du Clavier bien tempéré de J.-S. Bach, et en seconde partie Novelette opus 21 de Schumann, puis des fantaisies de J. Brahms. Le jeu de David Fray ne m’a pas convaincue. Je l’ai trouvé plutôt plat, sans couleur, spécialement pour Bach. J’ai de plus été gênée par le manque de sobriété de son attitude et de son jeu.