MOONLIGHT

Auteur : Barry Jenkins, né en 1979, est un scénariste, réalisateur, acteur américain. Il réalise en 2003 un premier court métrage My Joséphine. Puis en 2008 un premier long métrage, Medecine for Melancoly, qui n’a pas été distribué en France. Moonlight est son second long métrage.

Résumé : Moonlight évoque le parcours de Chiron, enfant noir d’un quartier pauvre et difficile de Miami, sur une vingtaine d’années, de l’enfance à l’âge adulte.

Analyse : Les trois âges de Chiron, enfant appelé Little, adolescent appelé Chiron, puis adulte appelé Black, qui vit dans les quartiers pauvres de Miami. Ce n’est pas l’histoire sèche et banale d’un petit enfant noir, depuis sa petite enfance misérable à son âge adulte de délinquant. Barry Jenkins est trop intelligent pour nous offrir ce genre de film misérabiliste et convenu. Il réalise au contraire un film d’une grande beauté, d’une infinie délicatesse où il aborde un sujet bien plus original, celui de la découverte par un enfant de sa différence, c’est-à-dire de son homosexualité, que les autres pressentent avant lui comme souvent, ce qui justifie à leurs yeux les brimades en tout genre dont il est victime. Et l’adolescence n’est pas meilleure que l’enfance. C’est un long chemin de souffrances et un coup de talon du plongeur magistral que donne Chiron pour sortir, non de sa condition, mais des humiliations et de la misère.

Si je devais caractériser le film les adjectifs seraient légion. La beauté qui irrigue le film du début à la fin ; les plans soignés au cadrage impeccable ; la manière tellement sensuelle de filmer au plus prêt les protagonistes, particulièrement Chiron, qui nous les rend si proches et familiers ; les lumières et les couleurs, éclatantes mais le plus souvent tamisées qui donnent une atmosphère d’une grande élégance ; l’originalité de ce film tout en harmonie et en grâce qui se rapproche davantage des films européens que des films hollywoodiens, certes parfois efficaces mais qui ne brillent pas toujours par leur subtilité. Un grand film d’une intensité soutenue de la première à la dernière scène qui est d’une grande force poétique et restera dans les mémoires.

Jenkins a évité tous les pièges que ce genre de récit pouvait tendre. Une originalité traitée avec maîtrise et maturité, pas de pathos inutile mais une émotion contenue et une grande humanité qui suscite chez le spectateur de l’empathie, même pour les personnages les plus contestables, comme la mère de Chiron, épave du crack, qui raquette son fils, mais qu’on ne peut juger. Pas de manichéisme non plus. Un des personnages parmi les plus attachants est Juan, le dealer qui empoisonne tout le quartier, et qui donne à Chiron des leçons de vie d’une grande intelligence, qui l’aideront à s’assumer dans une communauté où le genre de différence qu’il porte n’est pas bien accepté. Ce magnifique personnage est incarné par Mahershala Ali qui vient d’obtenir pour ce film l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle, largement mérité.

Notons, et cela doit être souligné, que ce film est réalisé par un afro-américain, qui ne met en scène que des afro-américains. Il est adapté d’un texte du dramaturge et acteur Tarell Alvin McCraney « In Moonlight Black Boys Look Blue », Oscar du meilleur scénario adapté ; d’où le titre du film.

C’est un film magnifique, bouleversant que je vous conseille vivement si vous ne l’avez déjà vu, qui après avoir remporté le Golden Globe du meilleur film dramatique, mérite largement l’Oscar du meilleur film qu’il vient d’obtenir, un an après la polémique « Oscars so White », face à une comédie musicale que je ne commenterais pas car j’avoue ne pas avoir envie de la voir, préférant, vous me le pardonnerez, rester sur le beau souvenir des originaux de Jacques Demy.

3 Comments

  1. Super ton site . Je viens en France pour 5 mois. Je vais essayer de rattraper le retard . En tous les cas Bravo . Avec toute mon amitié. Annick

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